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Colorado — Septembre 1988

 

  Dirk Pitt sort des profondeurs du sommeil, bâille voluptueusement à pleines mâchoires et examine la scène qui s’offre à ses yeux entrouverts. Il faisait nuit lorsqu’il est arrivé hier au chalet de montagne, et les flammes de la cheminée de pierre, les lampes à pétrole ne présentaient pas à son avantage le décor de pin noueux.

  Son regard se pose d’abord sur une haute horloge paysanne dressée le long d’un mur. Il l’a remontée et mise à l’heure hier soir : ça lui paraissait s’imposer. Puis il s’arrête sur un énorme trophée d’élan couvert de toiles d’araignées et qui le fixe de ses yeux de verre embrumés de poussière. A côté des ramures de l’élan, une vaste fenêtre offre une vue époustouflante sur la chaîne déchiquetée des Sawatch, au cœur des Rocheuses du Colorado.

  Les derniers lambeaux de sommeil se déchirent et Dirk Pitt doit maintenant prendre sa première décision de la journée : laisser son regard se gorger du majestueux panorama ou s’attarder sur les aimables contours de Loren Smith, membre du Congrès où elle représente l’Etat du Colorado et qui, on ne peut plus nue, sur une couverture de piqué, s’adonne pour l’instant à une série d’exercices de yoga.

  Sagement, Pitt accorde sa préférence à l’élue du peuple du Colorado.

  Elle est assise, jambes croisées, dans la position du lotus, rejetée en arrière, les coudes et la tête reposant sur la couverture. Pitt décide que le buisson exposé entre les cuisses de Miss Loren Smith et les deux gentils et fermes mamelons de sa poitrine battent de loin les sommets de granit des Sawatch.

— Comment appelles-tu cette contorsion indigne d’une dame ? demande-t-il.

— Le Poisson, répond la représentante du peuple sans bouger. Elle est destinée à raffermir la poitrine.

— Parlant au nom des hommes qui partagent mes convictions, déclare Dirk Pitt avec une affectation pompeuse, je ne suis pas partisan des titis durs comme roc.

— Tu les préfères sans doute gros, mous et pendants ? s’enquiert Loren en le fixant de ses yeux violets.

— Ma foi… non, pas exactement. Mais peut-être qu’une légère injection de silicone ça et là…

— Voilà ce qui est terrible dans le raisonnement masculin, lance-t-elle en se rasseyant et en relevant ses longs cheveux couleur cannelle. Vous estimez que toutes les femmes devraient avoir des mamelles comme des ballons, ainsi qu’on le voit dans les magazines pornos que vous dévorez en douce.

— Il n’est pas défendu de rêver.

  Elle lui adresse un regard mutin.

— Tant pis pour toi. Il faudra que tu te contentes de mon soutien-gorge taille quatre-vingt-cinq. C’est tout ce que j’ai à t’offrir.

  Il tend un bras dur comme l’acier, la prend par le torse et la ramène à moitié sur le lit.

— Qu’elle les ait monumentaux ou minuscules, dit-il en se penchant et en posant un baiser sur chaque pointe rosé, aucune femme ne pourra accuser Dirk Pitt de parti pris.

  Elle se redresse et lui mord l’oreille.

— Quatre grandes journées tous les deux ! dit-elle. Pas de téléphone, pas de réunions de comités, pas de cocktails, pas d’assistants pour m’empoisonner la vie. C’est presque trop beau pour être vrai.

  Sa main glisse sous les couvertures et caresse le ventre de l’homme.

— Que dirais-tu d’un peu de sport avant le petit déjeuner ?

— Ah, le maître-mot !

— Sport ou petit déjeuner ? demande-t-elle avec un sourire malicieux.

— C’est toi qui l’a prononcé tout à l’heure à propos de ta position de yoga.

  Pitt saute du lit et Loren se retrouve du coup rudement assise sur son sculptural derrière.

— Où est le lac le plus proche ?

— Le lac ?

— Bien sûr, dit-il en riant de sa surprise. Là où il y a un lac, il y a sûrement du poisson. On ne peut pas perdre une journée à batifoler au lit quand une truite arc-en-ciel n’attend qu’une chance de se jeter sur mon hameçon.

  Elle l’examine en détail. Il est immense : un mètre quatre-vingt-dix et tanné de la tête aux pieds, sauf une mince bande blanche autour des hanches. Ses rudes cheveux noirs en broussaille encadrent un visage qui paraîtrait dur s’il ne s’y dessinait parfois un sourire à embraser une Lapone. D’ailleurs, il n’a pas l’air de sourire en ce moment, mais Loren connaît assez son Dirk pour discerner la gaîté dans les rides qui cernent ses extraordinaires yeux verts.

— Espèce de grande brute ! crie-t-elle. Tu me donnes des idées.

  Elle prend son élan, se lance tête la première contre son estomac et renverse Dirk sur le lit. Mais elle ne se fait pas une seconde d’illusion sur son apparente victoire : si Pitt ne s’était pas prêté au jeu, elle aurait rebondi comme une balle contre un mur. Avant qu’il ait fait mine de protester, Loren se presse contre lui et l’enfourche. Les mains pressées contre ses épaules. Il se raidit, passe les mains derrière elle et saisit les doux globes de ses fesses. Elle le sent croître et sa chaleur semble s’irradier en elle.

— Pêcher ! dit-elle d’une voix rauque. La seule canne dont tu saches réellement te servir n’a pas de moulinet.

 

  Ils prennent leur petit déjeuner à midi. Pitt passe sous la douche, s’habille et va à la cuisine. Loren, courbée sur l’évier, récure énergiquement une casserole noircie par le feu de bois. Elle est vêtue de son seul tablier. Du seuil de la porte, il regarde les petits seins qui tressautent et il prend tout son temps pour boutonner sa chemise.

— Je me demande ce que diraient tes électeurs s’ils te voyaient en ce moment, fait-il.

— Que mes électeurs aillent se faire foutre, dit-elle avec un ravissant sourire. Ma vie privée ne les regarde pas.

— Que mes électeurs aillent se faire foutre, répète Pitt gravement en faisant semblant de prendre des notes. Une autre ligne à ajouter à la vie scandaleuse de la petite Loren Smith, Congresswoman (représentant du peuple des Etats-Unis au Congrès) ! de la septième circonscription du Colorado  – circonscription la plus corrompue de l’Etat, c’est bien connu.

— Et il se croit drôle, dit-elle en se retournant et en le menaçant de sa casserole. Sachez, Monsieur, qu’il n’y a pas de magouilles politiques dans la septième circonscription et que je peux aussi me vanter d’être, au Capitole, la dernière qu’on puisse accuser d’être à vendre.

— Peut-être… mais ces excès sexuels… Imagine un peu ce qu’un journaliste pourrait en dire à ses lecteurs. Au fait, je pourrais bien en parler moi-même et écrire un best-seller sur ce sujet.

— Tant que je ne fais pas figurer mes amants sur la feuille de paie de mon secrétariat et que je ne les entretiens pas au frais du Congrès, personne ne peut rien me dire.

— Et moi alors ? Tu m’oublies ?

— Tu as payé la moitié de la facture de l’épicier, tu te souviens ?

  Elle finit d’essuyer sa casserole et la remet dans le placard.

— Comment arriverai-je jamais à me faire entretenir, fait Pitt tristement, avec une maîtresse aussi radine ?

  Loren lui passe les bras autour du cou et lui embrasse le menton.

— La prochaine fois que tu dragues une fille en mal d’amour dans un cocktail à Washington, je te conseille de te faire communiquer un extrait de son compte en banque.

  Dieu du ciel ! se rappelle-t-elle, cette sinistre réunion offerte par le secrétaire d’Etat à l’Environnement ! Elle a horreur des mondanités de la capitale. A moins qu’une de ces festivités ne touche les intérêts du Colorado ou que son comité ne l’y envoie pour représenter son parti, Loren Smith rentre en principe directement chez elle chaque jour pour retrouver un chat pelé nommé Ichabod et s’asseoir devant son poste de télévision.

 

  Le regard de Loren avait été attiré vers lui comme par magie à la lueur des torches plantées sur la pelouse. Elle l’avait fixé sans vergogne tout en poursuivant sa conversation avec Morton Shaw, un de ses collègues du parti Indépendant pour la Floride.

Son pouls s’était accéléré étrangement. La chose lui arrivait rarement, et elle se demandait ce qui se passait tout à coup. L’homme n’était pas beau, du moins pas à la manière d’un Paul Newman, mais elle lui voyait une sorte d’aura de rude virilité qui l’attirait. Il était grand, et c’est ce qu’elle préférait chez les hommes.

  Il était seul, ne parlait à personne, mais observait les gens qui l’entouraient avec un sincère intérêt, plutôt que le dédain affecté traditionnel. Quand il s’aperçut que Loren le fixait, il la fixa à son tour, simplement, d’un regard franc et admiratif.

— Qui est cet enfant perdu, là-bas, dans l’ombre ? avait-elle demandé à Morton Shaw.

  Shaw, tournant la tête dans la direction que Loren indiquait, ouvrit de grands yeux en reconnaissant le personnage, et il se mit à rire.

— Il y a deux ans que vous êtes à Washington et vous ne le connaissez pas ?

— Si je le connaissais, je ne vous aurais pas posé la question.

— Il s’appelle Pitt. Dirk Pitt, directeur du programme des travaux spéciaux pour la NUMA (National Underwater and Marine Agency. Institution de la Marine spécialisée dans les travaux qui intéressent le monde sous-marin). Voyons, c’est le garçon qui a dirigé les opérations de renflouement du Titanic.

  Elle se sentait un peu bête de ne l’avoir pas reconnu. La photo de Pitt et l’histoire de la résurrection du fameux paquebot avaient fait les beaux jours et les titres des « mass média » pendant des semaines. C’était donc là l’homme qui avait tenté l’impossible et vaincu tous les obstacles ? Elle prit congé de Shaw et se fraya vers Pitt un chemin dans la foule.

— Monsieur Pitt ? dit-elle.

  Elle ne va pas plus loin. Le vent agite les flammes des torches et révèle une lueur de désir dans le regard que Pitt pose sur elle. Loren sent son estomac se nouer : cela ne lui est arrivé qu’une fois, lorsqu’elle était très jeune et follement amoureuse d’un skieur professionnel. Elle est contente que la pénombre dissimule la rougeur qui a dû lui monter aux joues.

— Monsieur Pitt ? répète-t-elle.

  Il lui semble que les mots ne viennent pas. Il la regarde et attend. Présente-toi, idiote, crie-t-elle en son for intérieur. Mais elle ne peut que dire :

— Et maintenant que vous avez repêché le Titanic, qu’avez-vous comme projet ?

— Il est difficile de tenter de faire mieux, il me semble, dit-il avec un chaud sourire. Pourtant, ma prochaine entreprise me donnera, j’en suis sûr, une grande satisfaction personnelle. C’est un projet que je réaliserai avec la plus grande joie.

— Quel est donc ce projet ?

— La séduction de Loren Smith, membre du Congrès.

  Elle en a un peu le souffle coupé.

— Vous plaisantez ?

— Je ne plaisante jamais quand il s’agit de sexe et d’une ravissante politicienne.

— Très drôle. C’est le parti de mes adversaires politiques qui vous envoie ?

  Sans répondre, Pitt la prend par la main et à travers la maison où se presse la crème des personnalités de Washington, il l’entraîne jusqu’à la rue et à sa voiture. Elle le suit sans protester, plus par curiosité que de force.

  Au moment où il démarre dans la rue bordée d’arbres, elle lui demande enfin :

— Où m’emmenez-vous ?

— Première étape… (Son sourire ferait danser une moribonde.) Nous allons trouver un petit bar intime où nous pourrons nous détendre et nous faire part de nos désirs les plus secrets.

— Et la deuxième étape ? demande-t-elle, la voix un peu oppressée.

— Je vous promène à 160 à l’heure dans Chesapeake Bay sur mon hydroglisseur.

— Très peu pour moi.

— J’ai une théorie, poursuit-il. L’aventure et les émotions ne manquent jamais de transformer les belles représentantes du peuple en bêtes sauvages et insatiables.

  Par la suite, lorsque l’aurore aux doigts de rosé caresse l’embarcation qui dérive, Loren est la dernière personne au monde qui oserait contester la théorie de la séduction soutenue par Dirk Pitt. Et elle remarque avec une voluptueuse satisfaction que les épaules de son séducteur, qui portent les marques de ses dents et de ses orgies, démontrent que la théorie est exacte.

 

  Loren lâche prise et pousse Pitt vers la porte du chalet.

— Assez ri. J’ai un plein dossier de correspondance à terminer avant que nous allions demain faire une orgie de ravitaillement à Denver. Pourquoi n’irais-tu pas te perdre dans la nature ou ailleurs pendant quelques heures ? Je préparerai ce soir un dîner reconstituant et nous passerons une nouvelle soirée perverse devant le feu.

— J’ai l’impression d’avoir épuisé toute ma perversité, dit-il en s’étirant. Par ailleurs, les promenades dans la nature ne me disent pas grand-chose.

— Eh bien, va donc à la pêche, alors.

  Il la regarde.

— Tu ne m’as pas encore dit à quel endroit.

— A 400 mètres, de l’autre côté de la colline, derrière la cabane. C’est le lac de la Table. Papa y péchait chaque année son contingent de truites.

— J’ai pris par ta faute un sacré retard, lui dit-il avec un regard sévère.

— Tant pis.

— Je n’ai pas apporté mon attirail de pêche. Il y a peut-être celui de ton père ?

— Sous le chalet, dans le garage. C’est là qu’il le laissait d’habitude. La clef du cadenas est sur le manteau de la cheminée.

  Le cadenas est rouillé pour n’avoir pas servi depuis longtemps. Pitt crache sur la clef et la tourne aussi fort qu’il le peut sans risquer de la casser. Finalement le mécanisme cède et il ouvre la double porte grinçante. Après avoir attendu une minute pour s’habituer à l’obscurité de la pièce, il entre et regarde autour de lui. Il aperçoit un établi couvert de poussière, des outils soigneusement accrochés à leur place. Des boîtes de différentes tailles s’alignent sur des rayons, certaines contiennent de la peinture, d’autres des clous, des vis, la panoplie complète du parfait bricoleur.

  Pitt découvre bientôt un nécessaire de pêche sous l’établi. Il lui faut un peu plus de temps pour trouver la canne. Il a eu du mal à la repérer dans un coin sombre du garage. Elle se trouve derrière quelque chose qui ressemble à une machine recouverte d’une bâche. Comme il ne peut pas atteindre la canne à pêche, il essaie d’escalader l’obstacle. L’appareil bouge sous le poids de son corps et il retombe en arrière. Dirk Pitt se retient à la bâche pour reprendre son équilibre, mais la bâche cède et il atterrit de tout son long sur le sol du garage.

  Il jure, s’époussette et jette un regard sur l’obstacle qui le sépare encore d’un après-midi de pêche à la truite. Une expression étonnée se peint sur son visage. Il s’agenouille et passe la main sur ce qu’il vient de découvrir. Puis il se relève et sort pour appeler Loren.

 

  Elle s’approche de la rampe du porche.

— Qu’est-ce qui t’arrive ?

— Descends donc une minute, veux-tu ?

  A contrecœur, elle passe un trench-coat beige et elle descend. Pitt la fait entrer dans le garage et pointe le doigt.

— Où ton père a-t-il trouvé ça ?

  Elle se penche et regarde.

— Qu’est-ce que c’est ?

— Le truc rond et jaune est un réservoir d’oxygène de l’Armée de l’air. L’autre truc est un train d’atterrissage complet avec ses pneus et ses roues. Et qui ne date pas d’hier, à en juger par la rouille et la crasse.

— Jamais vu ni entendu parler de ça.

— Tu aurais dû les remarquer. Tu ne te sers jamais du garage ?

— Pas depuis que je suis au Congrès, dit-elle en secouant la tête. C’est la première fois que je viens au chalet depuis que mon père a été tué dans un accident, il y a trois ans.

— As-tu jamais entendu parler d’un avion qui se serait écrasé dans les environs ?

— Non, mais ça ne veut rien dire. Je ne vois jamais les voisins ; j’ai donc peu de chances d’apprendre les nouvelles régionales.

— Où sont-ils ?

— Hein ?

— Tes voisins les plus proches. Où habitent-ils ?

— Plus loin sur la route, en allant vers la ville. La première route à gauche.

— Comment s’appellent-ils ?

— Raferty, Lee et Maxine Raferty. C’est un retraité de la Marine.

  Loren prend les mains de Dirk dans les siennes.

— Pourquoi toutes ces questions ?

— Pure curiosité, rien de plus, dit-il en lui baisant la main. Je reviendrai à temps pour ton fameux dîner revigorant.

  Sur ce, il tourne les talons et prend la route au petit trot.

— Tu ne vas pas à la pêche ? lui crie-t-elle.

— J’ai toujours eu horreur de ça.

— Tu ne veux pas prendre la jeep ?

— C’est toi qui m’as conseillé une promenade dans la nature, non ? lui jette-t-il par-dessus l’épaule.

  Loren le suit des yeux jusqu’à ce qu’il disparaisse derrière un tas de poteaux de pin, puis elle secoue la tête, étonnée par les incompréhensibles caprices masculins, et elle rentre au chalet se mettre à l’abri de la fraîcheur automnale.

 

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